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Reibel, Emmanuel – Qu'est ce que la "modernité" musicale dans le Paris 1830 ?
Date
2010-2Description
Cet article part des emplois historiques des termes « moderne » et « modernité », au cœur du XIXe siècle, afin de mettre en évidence la relation ambivalente des compositeurs romantiques à la modernité. Au sens historique originel des binômes antique/moderne ou ancien/moderne s’est progressivement substitué un sens esthétique, valorisant ou conspuant l’effet de nouveauté. Or le romantisme, qui était né en France dans le camp contre-révolutionnaire, bascula définitivement autour de 1830 dans le camp des modernes : en France, on finit par réduire le débat romantique à une simple réactivation de la querelle des anciens et des modernes. La musique semble alors le plus moderne des arts, à la fois parce que les traces de la musique ancienne sont alors rares et parce que la musique est de tous les arts le plus lié à la révolution technique et technologique contemporaine. Mais cette perméabilité intrinsèque à la modernité la conduit parfois à adopter une esthétique de la trivialité, du bruit et de la vitesse décriée par de nombreux compositeurs comme Chopin, Liszt et même Berlioz : nullement conservateurs, ces musiciens sont en réalité d’authentiques « antimodernes », à la façon de Baudelaire expliquant que l’art véritable, ouvert à la nouveauté, doit se dégager de la mode pour atteindre l’éternité. Valorisée si elle s’oppose à l’antiquité ou aux conservatismes, la modernité devient donc décriée par les romantismes en tant qu’elle s’oppose à l’éternité ou à l’universel.
- BAUDELAIRE, Charles (1821-1867)
- La modernité française au temps de Berlioz (2010)