La carrière de compositrice de Mélanie Domange, née Bonis, bat son plein au cours des vingt ans qui précèdent la Première Guerre mondiale. Ses talents s’expriment alors dans la plupart des domaines musicaux, à l’exception de l’opéra, et les ouvrages les plus salués emploient son instrument de prédilection, le piano. Défendant alors souvent elle-même ses compositions, elle livre des œuvres pour piano seul — notamment les premières « femmes de légende », Phœbé, Viviane et Salomé en 1909 — ainsi que des partitions de musique de chambre où la flûte tient un rôle important. Le Quatuor avec piano n^o 1 (1905), écrit dans la veine fauréenne, apparaît cependant comme son succès le plus franc. Avant de connaître cette notoriété tardive — qui lui permet de devenir la première femme membre du bureau de la Société des compositeurs de musique (1910) —, la musicienne aura été longtemps attachée à son foyer. Mariée en 1883 à l’industriel Édouard Domange (déjà deux fois veuf), ses devoirs de belle-mère puis de mère la tiennent éloignée de la vie musicale parisienne sans pour autant la réduire au silence : depuis la fin de ses études au Conservatoire (1876-1881, auprès d’Ernest Guiraud, Auguste Bazille et César Franck), elle parvient à faire publier des mélodies et des pièces pour piano chez divers éditeurs. La Grande Guerre vient néanmoins mettre un terme à l’exposition publique de la compositrice qui se consacre ensuite essentiellement à des œuvres d’inspiration religieuse (pour orgue ou voix) et des ouvrages pédagogiques. Elle laisse à la postérité un grand nombre d’inédits qui démontrent pourtant une science de l’écriture et de l’orchestration injustement boudée de son vivant.