Texte

En confiant en 1878 à son éditeur Auguste Durand que « Dalila est et restera mon chef-d’œuvre », Saint-Saëns ne s’y trompait pas : des 13 opéras du compositeurs, Samson et Dalila est aujourd’hui considéré comme le plus célèbre. Son origine remonte à 1859 lorsque Saint-Saëns débute la composition de ce qu’il envisage d’abord comme un oratorio, sur un livret de Ferdinand Lemaire d’après le Livre des Juges. Dès 1867, Saint-Saëns présente des extraits de son œuvre dans plusieurs cénacles privés, mais l’accueil tiède qui lui est réservé décourage le compositeur. Il faudra les sollicitations enthousiastes de Liszt pour convaincre Saint-Saëns de se remettre à l’ouvrage – il confiera plus tard : « Sans Liszt, […] Samson n’aurait jamais vu le jour. » En 1876, il met un point final à la composition de son opéra et, toujours à l’initiative de Liszt, la création a lieu, dans une version en allemand, au Théâtre de cour grand-ducale de Weimar le 2 décembre 1877, sous la direction d’Édouard Lassen (1830-1904). Samson et Dalila ne sera représenté en France (dans sa version en français) qu’en 1890 au Théâtre des arts à Rouen, et il faudra encore attendre deux années pour qu’il soit programmé à l’Opéra de Paris et s’inscrive au répertoire de manière définitive. De cette œuvre aux trois protagonistes principaux – Samson (ténor), Dalila (mezzo-soprano) et le Grand Prêtre de Dagon (baryton) –, qui mêle récit biblique et histoire militaire, on retient particulièrement le grand duo d’amour de l’acte II « Mon cœur s’ouvre à ta voix », l’exotique Bacchanale de l’acte III et, dans la scène finale, l’effet spectaculaire de l’écroulement du temple.