Six Chœurs célèbres de Charles Gounod

En 1866, les éditions Choudens publient 6 Chœurs célèbres de Ch. Gounod transcrits pour piano par Georges Bizet. Ce recueil récole différents arrangements précédemment effectués par Bizet, plus ou moins remaniés pour l’occasion. Bizet, transcripteur, signe ici une nouvelle preuve de son attachement pour son aîné, à qui il avoue en 1872 : « Vous avez été le commencement de ma vie d’artiste… J’ai craint d’être absorbé, je puis vous l’avouer maintenant. » En effet, la relation entre les deux hommes ne se borne pas à une rencontre mondaine, ni à une collaboration intéressée, mais révèle progressivement un attachement stylistique et esthétique fort. La transcription devient le laboratoire de cette appropriation du langage de Gounod et de sa progressive mutation entre les mains de Bizet. Devenu répétiteur et arrangeur pour Gounod, Bizet s'intègre dans le milieu des théâtres et commence à se faire un nom dans l'édition musicale en même temps qu’il s’approprie des codes stylistiques et formels d’une grande efficacité. Les dédicataires de ce recueil témoignent par ailleurs de cet aspect mondain qui relie les deux compositeurs puisque ce sont toutes des femmes que Bizet a connues ou fréquentées dans les salons parisiens : Christine de Nouë, Mme Gabriel Benoît-Champy, la comtesse d'Alton-Shée dont le mari est membre de la Chambre des Pairs depuis 1836, Mme Charles Laurent petite nièce de Victor Schnetz directeur de la Villa Médicis à l'époque de Bizet, Mme Céleste Allain et Mme Harouel-Garcia fille de Manuel Garcia junior (1805-1906) et nièce de Pauline Viardot.