La Surprise de l'amour

Pour la création de son treizième ouvrage, Poise se penche sur la célèbre comédie de Marivaux, La Surprise de l’amour (1722). Charlet Monselet en assure l’adaptation du texte, retranche un acte et supprime trois personnages pour recentrer l’action autour du quatuor formé des couples maîtres et valets. Le cœur meurtri, Lelio se tient désormais à l’écart des charmes du beau sexe. De son côté, la Comtesse, jeune veuve, se dit résolue à résister à toute séduction. Quand ces deux-là se rencontrent ils affichent une froideur mutuelle à peine tempérée par la politesse que requiert leur rang. Mais sous les tendres chamailleries de Colombine et Arlequin, la promesse de s’en tenir à l’amitié leur échappe bientôt et tout finit par le double mariage d’usage. Plus de cent cinquante ans après la première représentation de la comédie de Marivaux, l’opéra-comique de Poise est accueilli comme une « arlequinade dans le goût de Watteau ». La partition, gracieuse par son écriture et mozartienne par son orchestration, n’inscrit pas davantage l’ouvrage dans son temps. Pourtant, la qualité de nombreuses pages reste indéniable : le duo de Lelio et Arlequin et le quatuor du I^er acte, les couplets de Colombine au II^e acte. La création de l’ouvrage affiche Galli-Marié, espiègle et délicieuse Colombine ; Irma Valentine Marié, Comtesse de noble sentiment ; Charles Nicot, Lelio d’un goût sûr ; et enfin Louis Morlet, qui débute avec succès à l’Opéra-Comique et dont on loue le naturel et le mordant.