À Monte-Carlo. Déjanire
"Comœdia" à Monte-Carlo
DÉJANIRE
Tragédie lyrique en 4 actes, poème de Louis Gallet et C. Saint-Saëns ; musique de C. Saint-Saëns
Très brillante répétition générale : ovations sur ovations. Sur la scène et dans la salle, après le second acte, on acclame frénétiquement l’auteur qui se fait tout petit dans son fauteuil pour échapper à cette gloire indiscrète. L’exécuta donnée par Jehin a été splendide. L’orchestre a merveilleusement mis en valeur cette partition que Saint-Saëns a voulu écrire en hommage à la tradition de l’ancien opéra français. Conçue dans un style d’une admirable sobriété et d’une pureté parfaite, cette œuvre recevra de tous les musiciens, quelles que soient leurs tendances un accueil sympathique, tant elle révèle de tranquille maîtrise, d’élégance d’écriture et de culture avertie chez un compositeur universellement respecté.
En attendant de pouvoir vous rendre compte plus longuement de cette magnifique première, je me contenterai de souligner aujourd’hui le succès des interprètes, de Litvinne, splendide de voix et de puissance dramatique, admirable même dans ses silences, découvrant d’impressionnantes attitudes de terreur lorsque Hercule revêt la tunique de Nessos ; de Muratre, superbe d’allure, brute divine au front bas mangé de cheveux frisés, à la courte barbe en copeaux, dans un somptueux manteau vert paon, chanteur vaillant à qui l’on bisse la poétique invocation amoureuse à Iole ; de Mlle Dubel, touchante orpheline à la voix exquise ; de Mlle Bailac, intelligente Phénice, farouche magicienne dont la silhouette est excellemment composée, et de Dangès, parfait musicien, qui triomphe dans le rôle de Philoctète.
Succès très vif pour les chœurs nombreux et bien stylés, pour la figuration et la mise en scène prestigieuse qui font le plus grand honneur à Raoul Gunsbourg, omnipotent Klingsor de la Côte d’Azur.
WILLY.
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Camille SAINT-SAËNS
/Louis GALLET Camille SAINT-SAËNS
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date de publication : 16/10/23