Théâtre impérial de l'Opéra-Comique. Dalila
THEATRE IMPERIAL DE L’OPERA-COMIQUE.
Représentation extraordinaire. – Exécution de DALILA, cantate de M. Édouard Vierne, musique de M. Pessard.
Depuis que la cantate qui a mérité le grand prix de composition musicale n’est plus exécutée dans une séance de l’Institut, elle a déjà deux fois changé de domicile : il y a deux ans, la vaste salle de l’Opéra lui fut ouverte ; l’année dernière, elle a inauguré la salle du Conservatoire restaurée, et cette année encore elle devait s’y produire, mais divers obstacles s’étant opposés à la réalisation du programme, elle a demandé à l’Opéra-Comique une hospitalité que ce théâtre lui a très gracieusement accordé. Seulement, on a vu et reconnu plus clairement que jamais que les cantates ne gagnaient rien à s’aventurer sur les théâtres, et que, pour être bien jugées, il leur fallait ne pas sortir du terrain sur lequel elles sont nées, et rester dans l’enceinte de l’école où probablement elles reviendront cette année pour ne plus s’en éloigner.
Nous avons dit ce qui précède pour mettre en garde contre la sévérité des jugements qui pourraient être portés sur la cantate, exécutée jeudi dernier dans une représentation extraordinaire entre des ouvrages de différents genres. L’œuvre de M. Pessard, le jeune lauréat, réunit à un degré suffisant toutes les qualités qu’on est dans le droit et dans l’usage d’exiger des concurrents au prix de Rome. C’est même nous le dirons, une des meilleures cantates que nous ayons entendues depuis longtemps. Dans la petite salle du Conservatoire, elle avait produit beaucoup d’effet : il est vrai qu’alors elle avait Mme Sass pour interprète de son rôle principal et que la magnifique voix de la cantatrice lui avait prêté le plus puissant secours. Il va sans dire que Mlle Peyret, jeune et timide encore, abordant une scène inconnue, n’a pu lui rendre un service égal. Son plus grand tort, et nous le lui signalons, parce qu’il ne tient pas au local et qu’il importe qu’elle travaille à s’en corriger, c’est de ne pas prononcer de manière à se faire comprendre. « La prononciation, disait Adolphe Nourrit, c’est l’étrier des chanteurs. » Caron et Ponsard, qui accompagnaient Mlle Peyret, suivent mieux qu’elle le précepte, et pourtant on ne les pas encore assez compris pour savoir ce dont il s’agit dans la cantate de M. Édouard Vierne, dont le sujet est la trahison de Dalila, sacrifiant l’amour au patriotisme. La cantate est bien faite, mais pour la mettre à la portée des auditeurs, trois artistes en habit de ville, froidement assis sur trois fauteuils, se trouvent dans les conditions les plus défavorables sur une scène où l’action, le mouvement, le costume, les gestes, sont absolument de rigueur.
M. Pessard n’en est pas moins un excellent musicien, donnant autant d’espérances que plusieurs autres lauréats, parmi lesquels nous comptons aujourd’hui d’éminents compositeurs. Qu’il parte donc pour Rome, où ses camarades l’attendent déjà, et qu’il nous revienne mûri par ce beau voyage, enrichi de mélodieuses inspirations. [...]
P. S.
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Dalila
Émile PESSARD
/Édouard VIERNE
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Dalila (Vierne)
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date de publication : 21/10/23