Carmen, plus rebelle que jamais

La sensibilisation du Palazzetto Bru Zane à la question de la mise en scène « historique » remonte aux années 2010 et à la rencontre avec la musicologue Michela Niccolai. Spécialiste de cette thématique, elle nous révéla l’ampleur des sources conservées – en particulier à Paris – au sujet des scénographies françaises du XIX^e siècle. Apprendre qu’il existait des livrets de mise en scène, des planches de costumes et décors colorisés, des croquis d’implantation et des schémas de déplacements scéniques pour des titres aussi connus que Faust, Samson et Dalila ou – même – Pelléas et Mélisande nous fit peu à peu rêver de l’expérience d’une reconstitution de cet apparat visuel. Dans le même temps, les recherches de Rémy Campos et Aurélien Poidevin mirent en évidence la codification et les techniques d’apprentissage de la pose du corps, des gestes et de l’expression du visage pour les artistes du XIX^e siècle. Outre les traités publiés à l’époque, quantité de photographies en costumes réalisées en studio selon des positions très étudiées furent passées au crible de l’analyse comparative : à l’évidence, ce n’était pas le pur caprice de l’artiste qui régissait les portraits en question, mais bien une esthétique précise et structurée de la signification corporelle. Il s’en dégageait des poses « à la Mignon », « à la Manon », « à la Charlotte », etc.