L'Amour masqué
Comédie musicale en 3 actes créée au théâtre Édouard VII (Paris), le 15 février 1923.
Alors que le compositeur anglais Yvan Carryl décède accidentellement, Sacha Guitry sollicite son ami Messager pour reprendre un projet d’opérette dont il signe le livret. L’œuvre est destinée par Guitry à son épouse Yvonne Printemps et les premiers rôles sont à leur exacte mesure. « Elle » a vingt ans et bénéficie des largesses d’un Baron et d’un Maharajah quand elle tombe amoureuse d’un jeune inconnu dont elle dérobe le portrait chez un photographe. « Lui » n’a plus les vingt ans de son portrait, et prétend alors que le jeune homme de la photographie viendra ce soir au bal masqué qu’Elle organise. Sur fond de marivaudage et de quiproquos propres au genre, Guitry écrit de pétillants dialogues en vers libres où s’entrecroisent bons mots et savoureux traits d’esprit. C’est à Royan, en 1922, que Messager entreprend la composition. Sa partition est d’autant plus aboutie qu’elle use de procédés musicaux mesurés, adaptés aux moyens vocaux d’Yvonne Printemps et Sacha Guitry, créateurs des protagonistes principaux. Cette esthétique du dépouillement et du raffinement, typique de l’opérette des années 20, favorise le naturel de la phrase mélodique et la clarté harmonique sans amoindrir l’intérêt de la musique. Les pages exotiques du chant birman du Maharajah et du tango du Baron, comme le beau sentiment des jeux de séductions, participent au caractère mondain typiquement parisien de l’ouvrage. Célèbre entre tous, l’air « J’ai deux amants » est un credo féministe avant l’heure, encore très apprécié des cantatrices. Créée deux mois avant Ciboulette de Reynaldo Hahn, L’Amour masqué participe du renouveau de l’opérette d’entre-deux-guerres.
Permalien
date de publication : 25/09/23
Accéder à la recherche