Aben-Hamet

Vingt ans après la composition d’un premier opéra non représenté et dix ans après la création d’un acte en collaboration avec Barbier et Carré (La Guzla de l’émir), Dubois signe, avec Aben-Hamet, un premier ouvrage lyrique d’envergure. Ce grand opéra en quatre actes et un prologue tire son argument des Aventures du dernier Abencérage (1826), nouvelle de Chateaubriand prétexte à une description pittoresque de la ville de Grenade plus qu’à un développement dramatique. Aussi, il revient aux librettistes Léonce Détroyat et Achille de Lauzières de doter l’ouvrage d’une véritable action : Aben-Hamet, fils du dernier roi Maure, laisse à Carthage sa mère Zuléma et sa jeune promise Alfaïma, pour reprendre Grenade aux Espagnols. Mais, à peine arrivé, il s’éprend de Bianca, la fille du gouverneur, au point d’oublier sa mission, si bien que Zuléma et Alfaïma viennent elles-mêmes organiser l’insurrection. Honteux, le dernier Abencérage finit par conduire l’émeute, avant d’expirer, comme son père, au pied du mont Padul. Initialement destiné à l’Italie, puis brièvement envisagé pour l’Opéra, l’ouvrage voit sa création longuement retardée avant que Victor Maurel ne s’en saisisse avec l’espoir de redresser la délicate situation de son Théâtre-Italien. Créé le 16 décembre 1884, en italien, l’ouvrage connaît un franc succès durant ses quatre seules représentations, brutalement interrompues par la faillite de l'établissement. Alors que le matériel d’orchestre a disparu, nous devons à Jean-Claude Malgoire une réorchestration créée au Théâtre municipal de Tourcoing en mars 2014, ayant donné lieu à un enregistrement, qui ne réunit cependant pas les ressources orchestrales et vocales suffisantes à redonner tout son lustre à cet ouvrage opulent.