La Boulangère a des écus

Durant l’été 1875, Offenbach travaille simultanément à trois projets d’ouvrages :  La Créole, Le Voyage dans la Lune et La Boulangère a des écus. Pour ce dernier ouvrage, le musicien retrouve ses talentueux collaborateurs Meilhac et Halévy près de six ans après leur collaboration pour Les Brigands. Ceux-ci conçoivent un livret en trois actes situant son action à Paris sous la Régence : Margot, une boulangère devenue riche et vaniteuse, s’intéresse à Bernadille, le perruquier de la duchesse du Maine. Poursuivi pour son rôle dans la conspiration de Cellamare qui visait à évincer Philippe d’Orléans du pouvoir, Bernadille est d’abord sauvé par Margot. Mais celle-ci le livre finalement à la justice lorsqu’elle apprend que son protégé n’a d’yeux que pour Toinon. Cette satire des parvenus de la Régence marque l’ultime collaboration du trio d’auteurs. L’ouvrage qui en résulte est initialement destiné à Hortense Schneider. Mais après la lecture du 5 août 1875 aux Variétés, la chanteuse réclame aux auteurs différentes modifications qui lui sont refusées. Celle-ci renonce alors au rôle, avant de le convoiter à nouveau. Mais dans l’intervalle, Eugène Bertrand, directeur des Variétés, a engagé Marie Aimée. Saisissant le tribunal de commerce, Schneider obtiendra quelques écus, mais pas le rôle de la boulangère. Le 19 octobre 1875 s’est donc Aimée qui crée le rôle-titre, aux côtés de Paola Marié (Toinon) et de quatre fidèles interprètes du maestro : Dupuis (Bernadille), Pradeau (le Commissaire), Léonce (Délicat), et Berthelier (Flammèche). Les représentations s’achèvent avant mi-décembre pour reprendre, après modification du III^e acte, le 27 avril 1876 avec davantage de succès. Si la centième est ainsi atteinte le 19 septembre, l’ouvrage ne fera cependant pas carrière.