Rapsodie pour saxophone
1901-1911 / 1918-1919 (orchestration)
Rétif à composer sur commande, Debussy accepta pourtant de répondre aux sollicitations d’Elisa Hall. Cette riche Bostonienne jouait du saxophone en amateur sur les conseils de son médecin, qui lui avait recommandé cette activité afin de stimuler son audition déficiente ! Déconcerté par la nature de l’instrument, le compositeur écrivit à son ami Pierre Louÿs en août 1903 : « Le saxophone est un animal à anche dont je connais mal les habitudes. Aime-t-il la douceur romantique des clarinettes ou l’ironie un peu grossière du sarrusophone (ou contrebasson) ? Enfin, je l’ai fait murmurer des phrases mélancoliques, sous des roulements de tambour militaire. » En 1918-1919, Jean Roger-Ducasse compléta l’orchestration qui était restée inachevée à la mort de Debussy, mais modifia également certaines de ses indications. Pierre Mayeur, sous la direction d’André Caplet, assura la création de l’œuvre le 14 mai 1919 à Paris, lors d’un concert de la Société nationale de musique à la salle Gaveau. Debussy avait envisagé plusieurs titres : Fantaisie, Rapsodie mauresque, orientale, arabe. Il avait introduit quelques discrètes touches d’exotisme dans cette musique qui se coule dans une forme libre, écartant aussi la virtuosité spectaculaire afin de s’adapter aux capacités d’Elisa Hall. Cette dernière possédait néanmoins un niveau suffisant pour se produire en concert et jouer les partitions qu’elle avait commandées à Debussy, d’Indy, Schmitt ou encore Caplet. Si les vertus thérapeutiques du saxophone n’ont jamais été prouvées, un médecin a néanmoins contribué à l’enrichissement du répertoire de l’instrument.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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